Au cœur d’une Afrique pourtant adulée en tant que berceau de l’humanité, tout devient exaspérant. Les délits injustes tracassent, les conflits tribaux fracassent, les guerres fratricides cassent et les pleurs harassent. Ces vents glacés secouent des peuplades sans nombre. Alentour, ne sont que précipices, pics, laves, éboulis, détritus et cadavres. Des peurs sévères persévèrent. Toutes attendent un héraut ou un héros de gloire. Celui-là doit être aguerri puisque sa seule erreur conduirait à la mort assurée au milieu de ces éléments déchainés. Mais qui est celui pour qui nous ne pouvons désormais plus reculer ? Celui qui rappelle qu’il y a un avenir à construire… Celui qui interpelle, qui réfléchit et agit : « Dans ses hallucinations, il rêve d’un paradis à conquérir… Il est une flèche ardente sur un mur de soleil ! Il est sans doute une plaisanterie divine, une comédie dont il est la farce des secrets. Et Fragile ou fort, il survit. Les tourbillons le guident. Ils l’emportent ! Son équipage est fait d’un plumage dont les rames sont semées d’yeux qui s’admirent ! Et il rame, il glisse et je pavane, timide puis rapide, rassuré, vers son bercail de nacre. Il y retourne pour cicatriser les blessures de ses éraflures et pour que ses rêves étendent de nulle part des feux sacrés… »

Chiza Balwiramwami Ciksu est né à Uvira, dans les collines de la débrouille et de l’embrouille à l’Est de la République Démocratique du Congo. Très jeune, il a baigné dans l’univers des livres pour combler le manque généré par la disparition tragique de ses parents pendant la guerre dite de Libération de 1997. Après un cycle de Philosophie à la Faculté Saint-Pierre Canisius à Kinshasa, il enseigne actuellement au Collège Boboto. Passionné de l’art en général et de l’écriture en particulier, son désir est de léguer à la postérité un testament pour la prospérité : « le meilleur n’est pas souvent ailleurs. » Ce secret est pensé en vue de l’existence authentique d’une responsabilité effective du jeune Africain. Pendant que l’halluciné de l’Azur se refuse d’affronter et vit dans les miroitements d’un paradis au-delà de l’horizon, l’éboueur de l’espoir ramasse les morceaux épars d’un optimisme déjà déchiqueté pour en coudre une idée nouvelle, une Afrique aussi bien consciente que confiante.